Jour 12 en Transat 1981 : Entre Stratégie, Patience et l’Âme du Marin

Introduction : Douze Jours d’Océan, Un Infini de Réflexions

Le 26 novembre 1981 marquait notre douzième jour en pleine Transat des Alizés. Chaque lever de soleil sur l’immense Atlantique apporte son lot de routines, de défis et de réflexions.

Si le quotidien du marin est fait de veilles et de manœuvres, il est aussi peuplé de ces moments suspendus où l’esprit s’évade, confronté à la grandeur des éléments.

Ce jour-là, entre un vent prometteur, un point de navigation qui sème le doute et une rencontre insolite, notre équipée allait plonger au cœur des dilemmes stratégiques et des états d’âme qui forgent l’expérience transatlantique.

Le Retour du Vent et l’Heure de la Vérité

La journée commença sous les meilleurs auspices. Un vent de Sud-Est (SE) de force 3 soufflait enfin régulièrement.

Nous avons pu envoyer le spinnaker, cette grande voile colorée qui nous fait filer sur l’eau, et l’avons gardé déployé toute la journée.

C’est sous cette propulsion optimiste que nous avons réalisé un point crucial, ce que l’on nomme dans le langage marin « l’heure de la méridienne ».

C’est le moment précis où le soleil est au plus haut, permettant, par des calculs complexes, de déterminer notre latitude exacte.

Sous un ciel d’un bleu immaculé, nous avons profité de cette accalmie pour étendre les couchettes sur le pont, non pas pour une sieste improvisée, mais pour les sécher de l’humidité tenace du large. Le ciel, habituellement un tapis d’étoiles la nuit, se voyait peu à peu voilé par des nuages aux formes tourmentées, voluptueusement déployées.

Ils s’étiraient tel un rideau sombre, masquant l’infini cosmique. Dans cette solitude oppressante, l’imagination prend le relais, nous invitant au voyage intérieur, et rendant le sommeil encore plus désiré.

Doutes, Stratégie et une Rencontre Inattendue

La consultation du SAT-Nav (système de navigation par satellite) apporta son lot de questionnements : notre point révélait que nous étions plus au sud que ce que nous avions estimé.

D’où venait l’erreur ? Du compas ? Des courants marins imprévisibles ? En haute mer, chaque degré compte, et ces décalages peuvent avoir des conséquences stratégiques.

La carte météorologique virtuelle nous apprenait que l’anticyclone des Açores, un système de haute pression essentiel pour trouver les vents portants, était stationnaire.

Que faire ? Devions-nous rester au-dessus de ces îles mythiques, ou prendre la décision de « monter » vers le nord ? La stratégie était de mise : si l’anticyclone amorçait une ascension vers le nord, notre intérêt serait de descendre vers le sud-ouest pour intercepter les vents favorables et filer vers notre destination. Ces décisions, prises en plein océan, pèsent lourd.

Un peu après 17 heures, un moment d’exception vint rompre la monotonie stratégique : pour la première fois, nous avons croisé la route d’un pétrolier.

Cet imposant navire, modifiant légèrement sa route pour nous saluer, fut une apparition des plus sympathiques, un rappel de la vie qui fourmille même dans l’immensité océanique.

L’Ennui, la Tension de la Course et l’Écriture du Journal

Alors que le crépuscule s’installait, le ciel devenait plus gris et le vent faiblissait. Un ennui profond nous gagnait, ce sentiment si particulier d’impuissance face aux éléments. Il n’y avait rien à faire, sinon attendre, espérer le retour d’un souffle plus puissant.

En croisière, ces moments de calme invitent à la sérénité. Mais nous, nous étions engagés, et même « bien engagés », dans une course transatlantique implacable.

La régate, souvent intense, ne dure que quelques heures. Ici, l’épreuve s’étire sur des semaines. Il est impossible de maintenir une tension continue, les nerfs ne le supporteraient pas.

Le défi était de trouver un compromis délicat entre l’esprit de compétition, qui nous pousse à l’excellence, et le besoin vital de décontraction pour tenir sur la durée.

C’est dans cet équilibre que chacun trouve son refuge. Le skipper, lui, mettait à jour le journal de bord qu’il tenait depuis le départ : un recueil de chiffres, de positions, de notations rapides, la mémoire objective de notre voyage.

Quant à moi, je me plongeais dans mon agenda technique, entamé dès les prémices de cette Transat. Je l’ouvrais plusieurs fois par jour, non pas pour y noter les faits bruts, mais pour y consigner les sentiments, les impressions fugaces, et les réflexions profondes que l’océan provoque en moi.

La Décision et le Changement de Cap

La descente vers le sud, malgré la stratégie, commençait à peser sur le moral. Sur une route normale, on arrive toujours à un embranchement, un carrefour où le choix d’une direction implique le renoncement à l’autre.

La mer nous imposait ce dilemme, et l’on finit toujours par regretter le chemin non pris. C’est alors que la décision fut prise : virement de bord ! Bâbord amure, le « Pylônix » virait, fixant un nouveau cap au 310 Compas.

Une nouvelle direction, une nouvelle stratégie, une nouvelle page à écrire sous l’œil vigilant des étoiles et la puissance silencieuse de l’Atlantique.

Conclusion : L’Art de Naviguer, Entre Science et Sensation

Le douzième jour de la Transat des Alizés fut un condensé des défis et des joies de la vie en haute mer.

Entre la satisfaction de voir le spi gonflé, les interrogations sur la stratégie à adopter face à l’anticyclone, l’émotion d’un salut pétrolier, et la profonde réflexion sur l’équilibre entre compétition et sérénité, cette journée fut riche d’enseignements.

Elle a souligné l’importance de la science nautique, mais aussi et surtout, l’art de composer avec les éléments et avec soi-même. Naviguer, c’est bien plus que suivre un cap ; c’est aussi écouter ses sensations, noter ses pensées, et embrasser l’humilité que l’océan impose.

Chaque virement de bord est une nouvelle opportunité, chaque jour un chapitre de plus dans le grand livre de l’aventure maritime.

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Transat des Alizés 1981 : Jour 12 – Spi, Mystère de Cap et Rencontre Insolite en Pleine Mer

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 Le 11ème jour de la Transat des Alizés en 1981 révèle les défis de la navigation : doutes sur la position, dilemmes stratégiques face à l’anticyclone des Açores, la joie d’une rencontre inattendue et la tension d’une course au long cours. Un plongeon dans l’esprit du marin.

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