Introduction
Le 15 novembre 1981, Casablanca devient le point de départ d’une aventure transatlantique inédite. Sous les regards émus d’une foule bigarrée et des autorités venues saluer les marins, un jeune navigateur marocain de 27 ans embarque pour sa première traversée vers les Antilles. Ce jour-là, le rêve prend le large.
L’embarquement : entre émotion et solennité
À huit heures du matin, je monte à bord d’un ketch français, entouré d’un équipage de quatre marins, tous venus de l’Hexagone. Le bateau, un élégant voilier de 14,50 mètres construit par les chantiers Galliant à Saint-Mandrier, appartient à Monsieur Roger Guenin. Il pèse 13 tonnes et incarne la robustesse et la grâce de la construction navale méditerranéenne.
La foule est là, enthousiaste, mêlant badauds, proches, et représentants des départements officiels. L’émotion est palpable. Pour moi, ce départ marque l’accomplissement d’un rêve nourri par les alizés et les récits d’horizons lointains.
Se Positionner sur la ligne de départ
À onze heures, notre ketch est remorqué, avec deux autres voiliers, par une vedette de la Marine Royale. Direction la ligne de départ, balisée par la bouée C.A5. Le bâtiment officiel de la Marine n’arrive qu’à seize heures, ajoutant à l’attente une tension douce, presque cérémonielle.
Nous procédons à quelques manœuvres pour tester le matériel. Autour de nous, la rade de Casablanca s’anime : des dizaines de voiliers, des embarcations de toutes tailles sillonnent les eaux dans une chorégraphie désordonnée mais joyeuse. Les amis sont là, les encouragements fusent. L’ambiance est exceptionnelle.
Brume: Franchir la ligne de départ

Vers 16h30, la brume se lève. La visibilité devient incertaine, et nous peinons à nous positionner correctement sur la ligne de départ. À 16h50, les coups de canon retentissent : le départ est lancé. Nous sommes bien placés, à quelques longueurs de la ligne, mais le vent manque cruellement.
Notre ketch dérive lentement vers la jetée Moulay Youssef. Deux heures plus tard, nous n’avons parcouru qu’un demi-mille. Toujours face à Casablanca, nous décidons de mouiller, dans l’attente d’un souffle plus favorable.
Premiers milles sous voile
Enfin, nous repartons au près, sous génois léger, grand-voile et artimon. Le vent souffle à peine, entre 3 et 4 nœuds. Cap compas : 270. Dans la nuit, nous ne parcourons que trois milles. Peu, certes, mais chaque vague franchie est une promesse d’horizon.
Conclusion
Ce départ de Casablanca, bien que lent et brumeux, fut pour moi un moment fondateur. Il ne s’agissait pas seulement de franchir une ligne, mais d’entrer dans une histoire, celle de la mer, du Maroc, et de mes propres rêves. La Transat des Alizés commençait, et avec elle, une traversée intérieure autant que océanique.
Catégories
- Récits de navigation
- Voile et aventure
- Mémoire maritime
- Histoire du Maroc
- Témoignages de marins
Mots-clés
Transat des Alizés, départ Casablanca, navigation océanique, ketch Galliant, Marine Royale, jetée Moulay Youssef, voile Maroc, Guadeloupe, traversée atlantique, vent faible, brume maritime, Pylônix
Meta description proposée :
Embarquez depuis Casablanca vers les Antilles, entre passion nautique, rêve d’outre-mer et art de vivre marin. Une traversée inspirée par l’appel des vagues et la quête de liberté.
