Introduction
Le neuvième jour de la Transat des Alizés fut marqué par l’immobilité et la réflexion. Dérivant lentement près de l’île de Palma, le vent se faisait attendre, mais l’esprit du marin, lui, était en mouvement. Ce jour-là, entre initiation à la navigation astronomique et réminiscences de Casablanca, le voyage intérieur prenait le relais du voyage nautique.
Article reformulé
23 novembre 1981 – 9ème jour de traversée
Encore une journée sous le signe du calme plat. Le bateau dérivait doucement, suivant une route parallèle à l’île de Palma. Les retards s’accumulent, et je ressentais l’urgence de parcourir les 3500 milles imposés par le règlement de la Transat. Mais ce ralentissement m’offrait aussi une opportunité précieuse : celle de pratiquer la navigation astronomique, un domaine qui me fascinait autant qu’il me troublait.
Mes études en mathématiques, notamment en géométrie dans l’espace, ne m’avaient pas facilité l’initiation. Pourtant, j’avais entre les mains un instrument précieux : un sextant ASTRA IIIB 340 Deluxe, offert par Monsieur Guy, l’organisateur. Je le conservais comme un talisman.
Caractéristiques du sextant : Limbe : -5° à 130° | Rayon : 153 mm Tambour : échelle 1′, vernier à 0,2′ Miroirs : horizon rond (51mm), index rectangulaire (56 x 42 mm) Filtres : 4 index, 3 horizon Poids : 1,2 kg seul / 6,36 kg avec coffret Précision constructeur : ± 20″
Après avoir étudié sa manipulation, je brûlais d’envie de passer à la pratique. Les Éphémérides nautiques et la table 900 m’apparaissaient comme des grimoires impénétrables. Heureusement, le skipper m’expliqua les principes de calcul, et tout prit sens. C’est ainsi que je tracerai ma première droite de hauteur — un moment initiatique.
Après le déjeuner sur le pont, je pris ma toilette suivie d’une douche à l’eau de mer. À la poupe, le sillage écumeux nourrissait ma rêverie. Où avais-je trouvé mes assises de marin dans ce mouvement perpétuel ? Un regard intérieur me ramena à Casablanca, à mes dix-huit ans. Une étrange découverte : le besoin présent de reconnaissance.
La Marine Royale m’avait ouvert les portes de l’Océan, m’avait formé, m’avait donné les clefs de cette vie de mer. Grâce à elle, je navigue aujourd’hui sur les flots capricieux. Désormais, je vis à la mer, et je deviens mère moi-même, au fil de cette traversée qui réalise un rêve ancien.
Les embruns, les paquets d’eau, les fantaisies de ma belle embarcation… quelle joie ! Une douce mélancolie m’envahit. Une douche avec deux litres d’eau douce — une prouesse — suffit à me rincer, à me réconcilier avec moi-même.
Vers 15 heures, je notais : « Nous continuons à nous ballotter. » Un instant, l’idée d’abandonner la course nous effleura, tant le vent se faisait attendre. Mais il finit par s’établir au Sud-Est, soufflant à 10 nœuds. Le moral remonta aussitôt. Une dorade, imprudente, fut pêchée à la traîne — un cadeau de la mer.
Distance parcourue : 30 milles.
Conclusion
Ce neuvième jour fut celui de l’initiation, du souvenir et du renouveau. Le sextant devient complice, la mer confidente, et le vent, enfin, un allié. Dans le calme, l’esprit navigue, et dans l’attente, le marin se révèle.
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Journal de bord du 23 novembre 1981 – 9ème jour de la Transat des Alizés : navigation astronomique, souvenirs de Casablanca, calme plat et renaissance intérieure.
Catégorie
Navigation Atlantique / Journal de bord / Transat des Alizés / Navigation astronomique
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- jour transat: « 9 »
- date_navigation: « 1981-11-23 »
- distance parcourue: « 30 »
- conditions météo: « calme plat, vent SE 10 nœuds »
- instrument utilisé: « sextant ASTRA IIIB 340 De Luxe »
- emotion_du_jour: « initiation, reconnaissance, mélancolie douce »